L’ère des intercepteurs, chasseurs de supériorité aérienne, avions d’attaque au sol purs, et chasseurs de reconnaissance dans leur rôle réservé, semble révolu. En effet les opérations anglo-américano-françaises contre l’Irak démontrèrent toutes les limites de ces avions issus des doctrines d’emploi de la Guerre Froide et d’un hypothétique affrontement entre deux blocs bien définis. C’est en partant de ce constat que le Department of Defence (DoD, le ministère américain de la défense) se lança dans un des programmes les plus ambitieux de l’histoire aéronautique, le JSF qui devait déboucher sur un des chasseurs multirôles les plus ambitieux et les plus prometteurs de tous les temps : le Lockheed-Martin F-35 Lightning II.
Entre la fin des années 80 et le milieu des années 90 l’US Air Force, l’US Navy, et l’US Marines Corps firent savoir qu’ils allaient avoir besoin dans les quinze années à venir de nouveaux appareils de combat afin de remplacer une flotte de plus en plus vieillissante. En effet à cette époque les avions en service dans ces trois branches du DoD dataient de la Guerre Froide, et pour certains avaient été conçus dans les années 50. Ils semblaient donc en voie d’extrême obsolescence alors qu’on parlait de plus en plus de furtivité et même de concept novateurs comme les tuyères orientables comme sur le prototype germano-américain X-31.En août 1995 le DoD décida de lancer le programme JSF, pour Joint Strike Fighter ou chasseur d’attaque conjoint, afin de trouver un remplaçant tout à la fois aux chasseurs General Dynamics F-16, aux avions d’attaque Fairchild A-10, Grumman A-6, et Mc Donnell Douglas AV-8B, ainsi qu’aux chasseurs d’entrainement Northrop F-5E.
Rapidement l’US Marines Corps et l’US Navy décidèrent que les Tiger II ne seraient pas remplacés mais plutôt modernisés. Quant au remplacement de l’Intruder il déboucha rapidement sur le Boeing F/A-18F Super Hornet.Toutefois il demeurait le remplacement du Fighting Falcon, du Warthog, et surtout du Harrier II. Si les deux premiers étaient des avions classiques, la caractéristique d’avion à décollages et atterrissages verticaux (ADAV) du Harrier II rendait bien plus compliquée le chantier du nouvel avion. Dans le cadre du JSF deux constructeurs furent mis en ligne : Boeing et Lockheed-Martin.
Mais devant l’étendu des travaux chacun s’allia avec d’autres avionneurs et équipementiers. C’est ainsi que le premier travailla étroitement avec Mc Donnell Douglas et Texas Instrument, tandis que le second le fit avec Northrop-Grumman et Honeywell. Le DoD passa commande officiellement pour six prototypes. Trois pour chacun des constructeurs : un de chasse multirôle terrestre classique, un en type ADAV, et enfin comme chasseur multirôle embarqué. Celui de Boeing fut désigné X-32 et celui de Lockheed-Martin reçu la désignation de X-35.
Les deux premiers prototypes, des versions A, effectuèrent respectivement leur premier vol le 18 septembre 2000 et le 16 décembre 2000. Dans les designs de chaque appareil on remarquait rapidement les orientations prises par les deux avionneurs. En effet l’avion de Boeing semblait privilégier les missions d’attaque et de reconnaissance tandis que celui de Lockheed-Martin avait bien plus les lignes d’un chasseur pur. Finalement après d’âpres combats commerciaux et de difficiles tractations politiques ce fut l’avion de Lockheed-Martin qui fut déclaré vainqueur en octobre 2001. A cette époque le JSF semblait déjà intéresser certains clients étrangers avec en premier lieu la Royal Air Force.
Les essais se prolongèrent notamment sur la mise au point du X-35B, le futur remplaçant du Harrier II. Si ce dernier était un véritable ADAV le X-35B se présentait plutôt sous la forme d’un avion à décollage court et atterrissage vertical plus proche dans sa conception du Yakovlev Yak-141 Freestyle soviétique. En effet cette formule moins révolutionnaire et radicale est toutefois beaucoup moins gourmande en carburant et nécessite un propulseur moins difficile à mettre au point.
Rapidement le X-35 changea de désignation et devint le F-35. Sa production finale demeurait à la charge de Lockheed-Martin bien que certains éléments provenaient des bureaux d’étude et usines de Northrop-Grumman et British Aerospace Systems.Un premier avion de présérie a été assemblé début 2006. Il se présentait sous la forme d’un monoplan à aile mi-médiane monoplace. Mû par un réacteur Pratt & Whitney F135 de nouvelle génération issu. Disposant d’un train d’atterrissage classique et d’un empennage double dérive, le F-35 est en outre construit en grande partie en matériaux composites dits RAM (Radiation Absorber Material) comme sur la plus part des avions furtifs actuels. L’armement de l’appareil se compose d’un canon GAU-22/A d’un calibre de 25mm disposant d’un obturateur permettant de garantir la furtivité lors des phases où il ne tire pas. En outre il est prévu pour l’emport d’une charge offensive de presque neuf tonnes prenant place dans quatre soutes dont deux prévues spécifiquement pour le tir de missiles air-air AIM-120 AMRAAM et AIM-132 ASRAAM. Ce dernier étant le remplaçant du légendaire AIM-9 Sidewinder. Le F-35 a également été pensé pour permettre l’emport et le tir d’armes aussi modernes que le JDAM, le JSOW, le missile antichar longue portée Brimstone, le missile antiradar HARM, et bien entendu les classiques bombes Paveway, missiles AGM-65 Maverick, ainsi que des bombes lisses de 227, 454, et 907kg.Le Lockheed-Martin F-35 a effectué son premier vol le 15 décembre 2006.
Quelques temps avant ce premier vol l’avion reçu officiellement son nom de baptême de Lightning II à la fois en référence pour le chasseur bimoteur Lockheed P-38 de la Seconde Guerre Mondiale et pour l’intercepteur à réaction English Electric Lightning datant de la Guerre Froide. Divers pays ont décidé d’apporter leur concours à la production du F-35 en vue ultérieurement de la commander en série : l’Australie, le Canada, le Danemark, l’Italie, la Norvège, les Pays-Bas, et la Turquie. Mais ces états n’apportent qu’une assistance très limitée, notamment en raison des pressions politiques du Congrès américain.Afin de réduire les coûts de production et d’élaboration certains matériels et systèmes sont testés sur d’autres avions : trois Lockheed F-16D, un avion de ligne Boeing 737-300 profondément modifié, et un Beechcraft Super King Air 350 civil.
Les essais doivent se prolonger jusque bien après 2012, date de l’entrée en service du chasseur au sein de l’US Air Force, de l’US Marines Corps, de l’US Navy, et de la RAF. En mars 2008 un Boeing KC-135R de l’US Air Force Material Command ravitailla pour la première fois l’avion en vol. Cette opération se déroula sans le moindre souci. L’avion n’est pas prévu pour être biplace.La production dans un premier temps est d’ores et déjà prévue pour un minimum de 2 400 appareils, rien que pour les Etats-Unis. Sans compter les appareils prévus pour les autres partenaires et pour les clients extérieurs tels qu’Israël et Singapour.